EXPOSITION

Dilettanti

& Collectionneurs d'antan

Le phénomène des collectionneurs et marchands d’art remonte probablement à la plus haute Antiquité, puisque Verrès (gouverneur de Sicile, v. 120-143 av. J.-C.), accumulait déjà les œuvres grecques avec une telle passion qu’il fut condamné à l’exil. 

Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250), qui se considérait comme l’héritier de l’Empire romain, en a probablement aussi recherché les œuvres.

Le célèbre trésor de Saint-Denis comportait de nombreux chefs-d’œuvre, dont certains subsistent au Cabinet des médailles de Paris. Les châsses et les reliquaires médiévaux étaient sertis d’intailles et de camées antiques. La Renaissance remet à l’honneur l’Antiquité, comme le fera plus tard le XVIIIe siècle lors de la découverte de Pompéi. 

De nombreux châteaux, manoirs ou hôtels particuliers abritaient autrefois une collection d’objets archéologiques dont, bien souvent, il ne subsiste aujourd’hui que le nom des propriétaires. Les vastes collections ont toujours été utilisées pour asseoir le pouvoir et le prestige des grandes familles ou des princes de l’Église, comme Mazarin ou Richelieu au XVIIe. Plus tard, au XIXe siècle, celle du marquis Campana, responsable des collections papales, a été dispersée lors d’importantes ventes publiques. Il est possible que certains de ces objets réapparaissent encore de nos jours sans être identifiés. Les collections anciennes étant souvent éparpillées, il est aujourd’hui difficile de savoir depuis quand circule une œuvre archéologique et de quelle collection elle provient. Il existe bien sûr de rares publications de ces ensembles historiques, mais celles-ci sont généralement laconiques, limitées dans leurs descriptions et représentations des objets, rendant difficile l’identification des œuvres. L’invention de la photographie augmente au fur et à mesure les possibilités d’illustration des catalogues. Les années 1990 voient une généralisation des reproductions dans les ouvrages, avant que la numérisation, à la fin du XXe siècle, ne permette de représenter toutes les œuvres.

Cette exposition est une opportunité de rappeler l’importance des collectionneurs et de la documentation des œuvres, en particulier à un moment où les recherches en provenance constituent un sujet crucial. 

 

© Antoine Tarantino